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Poser une limite sans s'excuser

Dire « non » est un acte de santé psychique. Beaucoup confondent refus et rejet, alors qu’une limite bien posée ne disqualifie personne. Elle éclaire simplement la frontière entre ce qui m’appartient et ce qui ne m’appartient pas. Plus on s’explique, plus on ouvre la porte à la négociation sans fin et au soupçon. La clarté se tient dans des phrases courtes, au présent, centrées sur soi. « Je ne peux pas. » « Je ne souhaite pas. » « Je ne suis pas disponible. » Le ton importe autant que les mots. Poser une limit, c’est juste une information, et pas l’ouverture d’un procès.

Le piège le plus courant est la justification prolixe. On raconte sa journée, ses contraintes, ses scrupules. On obtient l’inverse, on donne met un jeton dans la machine de la surenchère. La personne s’engouffre dans les détails, conteste un horaire ou propose une alternative.

Dans l’univers familial, le non réveille souvent la comptabilité affective. « Après tout ce que j’ai fait. » « Tu es ingrat. » La dignité consiste à ne pas entrer dans le grand livre des dettes imaginaires. On peut reconnaître le lien, dire son attachement, tout en maintenant la décision. Cela desserre l’étau. Vous n’êtes plus un otage. Le malaise initial existe, mais il décroît si l’on ne se dédit pas.

Une limite n’est donc pas un mur, mais un cadre. Elle ne sert pas seulement à se protéger. Elle rend possible une relation où chacun sait jusqu’où aller. Ce qui paraît froid est en réalité une marque de respect. Ce réalisme fait gagner du temps, de l’énergie, et paradoxalement de la chaleur, parce qu’il supprime la rancœur accumulée des oui forcés. On aime mieux quand on n’a plus à se renier pour rester dans le lien.

 
 
 

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